Le Chaînon

Pairs-aidants salariés dans les équipes de soins

pair-aidant

Par Xavier Patti, Pair-aidant au SMES (Santé Mentale et Exclusion Sociale)

Le salariat des pair-aidants constitue une avancée significative dans le développement de cette profession. L’intégration de ces professionnels au sein des équipes pluridisciplinaires ne se limite pas à un simple soutien émotionnel : elle modifie en profondeur l’accompagnement des patients et des bénéficiaires et contribue à l’amélioration de la qualité des soins.

L’expérience montre que le partage entre pairs (c’est-à-dire entre des personnes ayant traversé des épreuves, un parcours, un diagnostic similaire) joue un rôle déterminant dans le processus de rétablissement. Ce type d’échange favorise un sentiment de compréhension mutuelle, réduit l’isolement et améliore l’adhésion aux soins. Pourtant, cette approche demeure sous-estimée dans les pratiques, certainement plus par manque de connaissance de cette discipline que par manque de résultats.

Si les soins classiques privilégient une approche objective et mesurable, et c’est fort bien, la pair-aidance repose sur l’expérience partagée. Elle ne s’oppose pas aux soins conventionnels, mais les complète.

Un cadre structurant nécessaire

Le Conseil Supérieur de la Santé insiste sur la nécessité d’un cadre structurel pour encadrer ces pratiques (cliquez ici pour consulter le document). Lorsqu’un pair-aidant soutient activement d’autres patients, une reconnaissance statutaire s’impose, tant pour garantir la qualité du soutien que pour protéger le pair-aidant lui-même.

La professionnalisation de la pair-aidance implique une clarification des missions, des attentes et des conditions d’emploi. Cela permettrait une meilleure intégration dans les structures de soins et éviterait les incompréhensions entre soignants et pair-aidants.

Une plus-value concrète dans les soins psychiatriques

L’intégration de pair-aidants dans les équipes de soins psychiatriques a déjà démontré son efficacité, notamment à travers leur implication dans les modules de psychoéducation pour les patients atteints de troubles psychiatriques. La pair-aidance permet d’aborder la notion de rétablissement sous un angle plus incarné, en rendant les parcours de soins plus compréhensibles et accessibles.

Des données montrent que la présence de pairs-aidants dans des programmes d’autogestion de la santé favorise une meilleure adhésion aux traitements, diminue le nombre d’hospitalisations et réduit la durée des séjours hospitaliers.
Les bénéficiaires, en devenant plus actifs dans leur propre parcours de rétablissement, développent une autonomie accrue et une meilleure qualité de vie, tout en consolidant leurs compétences sur le long terme.

Transposable à la santé somatique ?

Si la pair-aidance est aujourd’hui principalement associée aux soins en psychiatrie, à l’accompagnement des personnes en situation de précarité ou aux assuétudes, son extension à la santé somatique mérite d’être explorée. Certaines initiatives montrent déjà des résultats prometteurs, notamment dans l’accompagnement des personnes atteintes de maladies chroniques. Le partage d’expérience avec un pair-aidant pourrait jouer un rôle clé dans l’acceptation du diagnostic, la gestion des traitements et la prévention des rechutes.

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